Haut les mains peau de lapin !

- On a tous notre part d'ombre niña. Notre côté mystérieux. Des choses que l'on cache ou que l'on tait. Des mensonges que l'on raconte, ou une vérité que l'on a pas voulu dévoiler. C'est pour ça qu'on est là non? Pour cette part d'ombre que l'on a laissé sortir.

Franchement chapeau pour cette phrase, je médite un moment sur ses dires, concluant qu’elle a bien résumé les choses. Elle plutôt bavarde la Keysha au final, elle qui semble tellement froide à première vue. La lumière des gyrophares commence à éclairer la ruelle, la musique jouée par les sirènes annonce l’arrivée des flics.

- On dit de moi que je suis une sadique dans l'âme Lexy. Mais même le dernier des cabron peut être humain tu sais? Cette fille passait dans les couloirs quand les carnivores lui sont tombés dessus. Si j'aime la violence, je déteste qu'elle soit gratuite. J'avais besoin de me défouler, et j'avais là une raison de le faire. J'ai pas cherché plus loin.

Son état d’esprit me plait. Je cherchais une personne comme elle depuis longtemps. La plupart des carnivors de cette foutue prison tape à tort et à travers, sur n’importe quel individu, juste pour divertir leur soif de sang ou de pouvoir. Elle, elle n’est pas comme la plupart, et ce que j’aime chez cette fille. Je le savais, elle pourrait être LA personne que je recherche, à voir si je lui parle de mon plan maintenant ou si j’attends de la découvrir un peu plus. A voir. Le sourire empli de malice, je place mes mains derrière la tête, attendant gentiment que les menottes soient passées.

-Tes principes sont nobles, je n’ai rien à redire.

La gendarmerie, qui aurait cru que j’atterrirais là-dedans en étant déjà arrêtée à Ciguèstraz ? Je connais un gardien qui va avoir des problèmes pour avoir laissé s’enfuir deux détenues. Je ne dévoilerais pas son identité aux gendarmes, je ne suis pas comme ça et puis, je dois le garder son la main en cas d’envie de sortir à nouveau. Nous voilà toutes les deux assises dans une cellule, attendant patiemment que monsieur le général fouille un peu dans son ordi pour trouver qui nous sommes. Mais entre les donuts qu’il s’enfile et les fesses de la secrétaire qu’il ne cesse de mater, on n’est pas prête de retourner à Cig’.

-Encore un délit en plus dans nos dossier j’imagine ?

Je balance ça d’un ton blasé, sentant l’ennui revenir peu à peu. Qu’est-ce que je vais faire de retour en prison ? Bonne question. J’essaye tant bien que mal de me gratter le nez, être menotté, c’est chiant en fin de compte. Un mec se décide à venir surveiller la cellule, en nous reluquant au passage, se mettant dos contre les barreaux. Je vois les clés pendre de sa poche, un nouveau flic j’imagine. Ça serait tellement simple de lui voler ses passe-partout. Enfin bon, n’empirant pas notre cas. Parlant à voix basse, je balance à la brunette.

-T’as pas une clope la mexicaine ? J’ai envie de fumer.

Ouai, bas les couilles d’être dans un commissariat en vrai. A Ciguèstraz je fume bien dans les couloirs quand l’envie me prend alors pourquoi ça serait différent ici ? Une porte claque, une nouvelle personne fait son entrée dans le comico, une espèce de nain punk-rockeur menotté. Quel est cet étrange spécimen encore ? Les USA ne cesseront pas de me surprendre.